• Tout était à venir...

     

    Je ne veux plus être celle qu'on abîme. Celle avec qui on respire. Puis qu'on laisse de côté, étouffée entre souvenirs et regrets. 

     J'ai besoin de sortir de moi-même.

     Mais même mes pensées me semblent illegitimes... Mes propres vérités me font mal. J'ai tant de mots qui ne peuvent pas sortir. Tous ces sentiments enfermés, comme interdits d'exister. Je me demande parfois si ils nous mentent. Il est si facile de douter.

     Les mots n'existent pas toujours pour traduire ce que l'on ressent. Je pourrais essayer de les inventer, les chuchoter pour mieux me les approprier. Mais ils restent là, coincés. J'en suis là, à me convaincre de faire semblant. À essayer de gagner du temps en sachant que tout pourrait exploser. 

     Mon cœur se resserre. J'aimerais avoir autre chose à donner, à aimer, à penser. Mes contradictions m'immobilisent. Personne ne mérite de souffrir. J'aurais voulu éviter l'inévitable. Tenter en vain de tout contrôler. 

     Je me heurte moi-même face à mes réalités humaines. Et je me sens faible, tellement faible quand mes émotions surpassent ma raison.

     J'ai tant de choses à te dire, à t'écrire. Mais j'ai tellement peur de la portée de mes mots. De leur vérité. De la trace qu'ils pourraient laisser.

     J'ai peur de te perdre.  Je crains que ta vérité me blesse, qu'aucune sorte de réciprocité n'est possible. Ce n'est pas faute d'avoir essayé de comprendre, de provoquer la question.

    Je n'aurais pas voulu être aimée comme tu m’aimes. J'aurais voulu être aimée par toi. Regardée comme une fille qui peut te plaire alors que je crois que toi, tu n'as pas besoin de mon regard à moi.

    J'aimerais que tu glisses tes mains dans les miennes...