Les larmes me montent. Comment faire autrement. Je suis tellement épuisée. Devoir me lever, aller travailler, avoir des interactions. N'être confrontée qu'à la détresse. Et quand je suis seule, je me retrouve face à la mienne.  Mes émotions l'emportent sur la raison. Avoir des réponses à mes questions ne suffit pas. 

Ne me dites rien, je le sais déjà.

Les méandres de mes pensées

M'ont projeté dans une réalité

Bien trop acerbe pour l'accepter

Ma dignité amputé dans l'indifférence

La plus totale ; et ses cris retentissants

Me clouent au sol.

Je ne pouvais entendre

Le temps atténue les blessures

Quand le futur s’éteint à mesure

De mon souffle coupé,

Je ne pouvais comprendre

Les maux sans les avoir nommés

Je les cachaient derrière des ratures

Écrire et effacer, une lutte pour exister

Je lui ai demandé si le bonheur existait. 

Il m'a dit d'ouvrir les yeux de mon cœur et de recevoir l'amour. Alors je lui ai dit que j'affaiblissais mon cœur en l'ouvrant. Que je recevais le bien mais aussi le mal et que je n'en pouvais plus de souffrir. Et que, si sa volonté était d'ouvrir mon cœur, alors je voulais qu'il soit présent pour me protéger quand j'en ai besoin. Le silence. 

J'ai vu mon cœur tellement resserré sur lui même qu'il se craquelle, et, par ces entrées laisse mal passer la lumière

Quand j'étais plus jeune, je pensais qu'à force de se prendre des coups dans la vie on finissait par être immunisé.

Aujourd'hui le présent m'est trop violent et l'avenir me paraît tellement incertain.

Dis moi pourquoi les personnes qui m'entourent n'ont pas la vie qu'elles méritent ?

Dis moi pourquoi je me sens en sécurité quand d'autres risquent pour leur vie ?

Est-ce que je ne suis jamais au bon endroit quand il faut ? Est-ce que c'est mon destin de me retrouver toujours là où je suis ?

Dis moi pourquoi, je ne suis pas avec mon copain quand il en a besoin ?

Dis moi pourquoi j'ai partagé des moments de bonheur pour apprendre que la vie s'est arrêté avant même de commencer....

Dis moi pourquoi je suis à la terrasse d'un resto à profiter des plaisirs de la vie pour lui faire "oublier" à en oublier moi même pourquoi je suis là pour elle.

Mais qu'est-ce que je pourrais faire d'autres ? Qu'est ce qu'on dit quand on ne peut pas dire que ca va aller ?

De quoi on parle avec une personne de son âge a qui on a annoncé qu'elle ne survivrai peut-être pas ?

Dis moi comment tu donnes un sens à la maladie ? Et tout le reste ? Toute la violence, celle de tous les jours. Toutes les souffrances, celles de toute une une vie

Je ne crois pas que la roue tourne. Je ne crois pas qu'on mérite ce qui nous arrive.